Les bienfaits de la lecture aux nourrissons
Mathilde ToulotQue comprend-il ? Est-ce qu’il écoute ? Il dort tout le temps !
Il y a des raisons d’être sceptique devant le peu de capacités apparentes de ce petit être qui vient d’arriver. Et pourtant, on le sait aujourd’hui, un nouveau-né adore que ses parents lui lisent des livres. Il va préférer avant tout la voix de sa mère, et celle de son père. Mais il appréciera aussi beaucoup l’attention que lui portera sa grand-mère, son oncle, son grand-frère, sa demi-sœur ou encore, une soignante à l’hôpital. Dans la lecture, il n’y a pas que l’histoire qu’on raconte, il y a le moment qu’on passe ensemble. C’est ce qui compte par-dessus tout.
Dans le ventre, le bébé entend depuis longtemps, l’audition est l’un des premiers sens à se développer In Utero. Dès 5 mois et demi, le fœtus réagit à des sons graves et des vibrations. À 8 mois de grossesse, il reconnaît la voix de sa mère parmi d’autres voix féminines. Quand il naît – cette première grande séparation de la vie - il est subitement coupé de tous ces sons qui lui étaient familiers et l’ont construit. Entendre les voix de ses parents est très rassurant pour lui. On sait également que la voix de la mère a un pouvoir analgésique. C’est-à-dire qu’elle calme les douleurs. Le nourrisson veut qu’on lui parle, c’est une nécessité.
La lecture est un instant de grand réconfort. Quand on se met à lire, notre parole est adressée au bébé et il comprend que notre attention est dirigée vers lui. Quelques minutes suffisent pour lui permettre d'acquérir la certitude que vous êtes là pour lui. C’est le début de la construction du lien.
Cette attention particulière à travers la lecture développe les facultés cognitives (l’échange lors de ce moment intime active les connexions neuronales) et permet l’exposition à une grande richesse de mots. « Plusieurs études montrent que plus on lit tôt, meilleur sera le développement du langage jusqu’à l’entrée en maternelle. », explique Adèle Boulanger-Hirsch, orthophoniste à l’hôpital pédiatrique Robert Debré. Quand il naît, le bébé a déjà commencé à stocker les mots, il n’attend plus qu’une chose : qu’on le nourrisse de langage !
Et puis, la lecture apaise le parent. Les jeunes mères en congé maternité souffrent souvent de solitude, ces grandes journées où le temps ne ressemble plus à rien et l’espoir, parfois, bascule dans le gris (ce fut mon cas). Leur santé mentale passe souvent à la trappe. Les études constatent que la lecture diminue le stress maternel. En effet ! Sentir qu’avoir un bébé, ce n’est pas seulement le labeur des couches et du lait, d’un corps dépendant, mais qu’il y a bien une personne au bout du fil. Le voir réagir, de manière minuscule à tous ces mots, ce bien qu’on lui souhaite, voir ses yeux cligner, sa tête se tourner légèrement, est une joie. Une joie à deux… qui peut transformer une journée.